VIETNAM #6 - REGION DE SAPA
Le village de Ban Ho

Le trajet jusqu’à Sa Pa, dans le nord du Vietnam mériterait un article à lui tout seul. C’était un peu l’épopée. Bon déjà à Cat Ba, dans la baie d’halong, on a cette fameuse tempête qui s’est abattue sur nous et qui menaçait de forcer les autorités à fermer l’île pour quelques jours. Après moultes discussions de « qu’est qu’on fait et comment » on a sauté dans un sleeping bus de 10h censé nous déposer à Sa Pa vers 19h. La tempête n’était pas si forte finalement. 

Sa Pa étant réputée très touristique, j’avais réservé dans une guesthouse à 20km et sur google maps ça me disait qu’il fallait 1h pour y aller depuis Sa Pa. Bizarre quand même…

A quelques heures de l’arrivée, je regarde mon téléphone et le monsieur de la guesthouse m’avait laissé un message me demandant de demander au chauffeur de me déposer au kilomètre 342 sur l’autoroute, car soi disant c’est plus près de chez lui. 

Comme j’avais repéré depuis le début du voyage que des gens montaient et descendaient à peu près n’importe où, je me dis que ça doit être faisable. Je vais donc voir le chauffeur qui me dit « ouais ouais » d’un air de dire plutôt « j’te comprends pas mais ouais ouais ». Penaude, je retourne au fond du bus en enjambant les dizaines de personnes, enfants et sacs au sol (il y a 30 places dans un sleeping bus mais si on considère les couloirs, finalement ça monte facilement à 60 personnes. En se tassant bien ça passe).

J’y retourne en lui montrant le message du mec de la guesthouse mais le mec ne pite pas un mot d’anglais. Je lui dis donc d’appeler la guesthouse et là, lumière, il me dit « OK c’est bon j’ai compris ». Tout ça en conduisant bien sûr.

Une heure plus tard il me fait signe et me braille que c’est dans 10 minutes qu’on descend. On s’est littéralement arrêtés au milieu d’une autoroute de 4 voies pour jumper hors du bus avec Tao dans les bras, nos petits sacs à dos et nos affaires pas rangées dans la précipitation. 

Fallait encore récupérer les gros sacs dans le coffre du bus, et le chauffeur à carrément chopé Tof par le collier pour l’enfermer dans la soute et lui montrer les sacs à sortir. Il nous a ensuite fallu enjamber la barrière de sécurité pour découvrir un petit chemin qui menait à un espèce de préau où nous attendait le chauffeur de la guesthouse. Tout cela bien évidemment… sous la pluie battante !

Après une demi-heure de route de montagne, le chauffeur s'arrête et, que ne voyons nous pas arriver un scooter. Je me dis « Nan mais attends on est au bout du monde ou quoi ? ». Le chauffeur ne pouvait pas aller plus loin et le papi sur le scooter a fixé nos deux énormes sacs à l’arrière pour les monter à la guesthouse. En fait il restait 15 minutes de marche pour atteindre notre maison, mais le plus dur était derrière nous. A noter que nos deux sacs sur le sccoter ça représente un bon 40kg quand même. 


L’arrivée à été plus que merveilleuse puisque Lan nous a accueillis comme des rois, avec un repas gargantuesque, et son fils de 4 ans, Ben, est devenu en quelques minutes le meilleur pote de Tao. 

La tempête de Cat Ba était en fait arrivée dans le Nord et nous avons eu 4 jours de pluie, avec quelques petites fenêtres de ciel bleu qui nous ont permis de nous balader. 

Au réveil le matin, Ô joie, nous étions au milieu des montagnes et des rizières, dans un paysage féérique que je n’oublierais jamais. J’ai passé la majeure partie de mon temps à regarder ces montagnes et le temps qui changeait dessus. Occupation principale donc, mettre dans un petit coin de mémoire tous les détails merveilleux de cette vue. 

Qui dit à l’abri du tourisme dit… pas de quoi retirer des sous, pas de quoi acheter du lait pour l’enfant, rien en fait. Nous avons donc fait un aller retour à Sa Pa et avons emprunté la fameuse route d’1h pour 20 bornes. Et là j’ai compris. J’ai compris qu’en fait il n’y a pas de route, mais plutôt un chemin de pierres, avec des trous béants, auxquels tu rajoute des crevasses, des gués à traverser et des éboulements dus à la pluie très forte ces derniers jours. 

Mais bon, on y est arrivés et on a trouvé du lait des sous et fait le plein de souvenirs car c’est ici que se retrouvent les femmes des ethnies alentours (hmong, dzao, tay, …). Les costumes de toutes les couleurs et l’artisanat manuel sont légion et même si la ville est pleine de touristes, je dois admettre que rencontrer ces femmes était vraiment hors du temps.

 

Mais notre cabane en bois dans notre petit coin de nature, chez Lan, qui est de l’ethnie Tay, était vraiment le plus fabuleux des moments et l’idéal pour terminer ce voyage. Nous avons cuisiné avec elle, nous sommes allés à l’école de Ben et avons fait le chemin du retour poursuivis par des dizaines d’enfants, nous avons regardé le mais sécher, nous avons rencontré la tisseuse du village, et nous avons marché aux alentours pour voir les rizières, les villages, le riz presque prêt, les buffles surveillés par les enfants dans les champs, et les milliers de papillons. 

Je ne pense pas qu'il nous soit arrivé de croiser autant d'insectes. Les balades se sont donc converties en reportage animalier pendant que Tao faisait la cueillette. J'imagine donc que le riz d'ici est sans pschitt mais sorry, il est uniquement destiné à nourrir la région, pas à l'exportation.  

C'est d'ailleurs le mois de la récolte. On tombe donc assez bien, malgré la pluie, car les rizières sont vertes et lourdes de riz, et le village s'active à ramasser tout ça pour la seule récolte de l'année. 

Nous terminons donc ce voyage sur une note nature et authentique, sans AUCUN regret d’avoir choisi ce petit coin à l’abri de tout. C'est le début de la route du retour vers Paris.