BALI #4 - MUNDUK
Échappée dans les montagnes

Etant donné que Lovina nous a pas mal gavés déplu, nous avons écourté notre séjour pour aller vers Munduk, dans les montagnes. Les voyageurs rencontrés sur la route ont le même sentiment, Lovina c’est naze ! Mais avec un peu de recul, ça donne à voir les conséquences du tourisme de masse. Un endroit très fréquenté à un moment, puis délaissé au profit de meilleurs spots instagram. La station balnéaire oubliée.


Munduk est encore loin de ce schéma mais pourrait y arriver aussi. En attendant, c’est un petit havre de paix, très peu fréquenté car loin de tout, où l’on peut se délecter d’une fraîcheur hyper agréable et d’une atmosphère alanguie, comme à Amed mais ambiance montagne. 


Pas grand-chose à faire, essentiellement des balades dans les petites rizières locales et un tour des cascades du coin. Le tout est à échelle humaine et peut se faire à pied, ce qui nous affranchis des méthodes balinaises du « guide à tout prix ». On sillonne donc les rizières appartenant aux locaux à pied, sur des petits chemins où l’on ne croise que des vélos et quelques scooters quand même puisqu’ils sont de toute façon  P.A.R.T.O.U.T.

On y croise aussi des épouvantails, des vaches et des canards... D’ailleurs je me disais « Chelou, y’a souvent une vache toute seule attachée, et ils lâchent des troupeaux de canards après la récolte… »

Culture bio les amis ! La vache c’est pour l’engrais direct du producteur au consommateur (vache -> caca -> riz), et les canards c’est pour aller récupérer les grains de riz tombés au fond de la boue après récolte pour éviter les repousses anarchiques. Trop fort, j’adore. 


On retrouve ici les balinais souriants sans arrière pensée et on sent quand même que ce n’est pas encore trop envahi. Disons que les balinais ont des activités autre que le tourisme. D’ailleurs à Munduk, il y a pas mal de familles qui font des épices. Comme on est en plein récolte des clous de girofle, on en a les effluves au cours de nos balades. On a réussi à trouver une petite famille qui a un jardin d’épices et à qui nous avons acheté quelques noix de muscade après avoir passé une bonne heure à discuter autour d’un jus de citron.

La région est vraiment préservée. 
Car depuis le début Bali nous donne un sentiment mitigé. Nous avons appris qu’en fait le tourisme a démarré il y a environ 10 ans avec le surf dans le sud et le film « Mange Prie Aime » à Ubud. Et depuis, ça ne fais que monter monter monter…
Et c’est étrange parce que dès qu’on fait quelques kilomètres hors des spots touristiques, on retrouve une vie sincère et authentique dans laquelle les gens ne sont pas dépendants du tourisme. 

Mais globalement quand on est sur des endroits fréquentés, c’est assez désagréable. Tout, absolument tout est tourné uniquement vers le tourisme, il n’y a plus une seule marque de la vie quotidienne des Balinais. Uniquement des échoppes de souvenirs et des organisateurs de tours. Les prix s’enflamment, et surtout les balinais locaux s’organisent pour barricader au maximum les bénéfices qu’ils peuvent tirer du tourisme (ce qui fait partie du jeu certes). 

Sauf que cela enlève un peu de liberté au touriste (pour ceux qui préfèrent). Pour exemple, on voit partout des panneaux interdisant l’accès aux Grab (Uber asiatique), aux GoJek (idem) et même aux taxis officiels, afin que soi-disant ce soit la communauté locale qui bénéficie du tourisme via des chauffeurs privés. 


Dans le principe, j’ai envie de dire OK ! Sauf que du coup ça devient un putain de monopole leur histoire et tu te retrouves avec des prix plus de 10 fois supérieurs aux prix des taxis. Et genre NO CHOICE ! 

Un guide qui nous a baladés une journée nous expliquait que des sortes de mafias locales se mettaient en place pour baliser les gains du tourisme. Cela faisait assez bien écho à une expérience qu'on a vécue au pied d’une cascade où il fallait payer pour voir la cascade à 5km, puis payer pour descendre au pied de la cascade, puis payer pour se faire remonter en scooter, et tout ça sans laisser le choix. 


Ce business est sûrement intéressant pour eux mais à force fait fuir les touristes et on se retrouve dans des situations comme Lovina où il n’y a plus aucune autre industrie que le tourisme mais plus aucun touriste pour la faire vivre… C’est en tout cas la conclusion qu’avait notre guide qui nous a paru assez clairvoyant. 

Malgré tout, malgré ces méthodes, les balinais sont d’une hospitalité que nous n’avons vue nulle part ailleurs et ce sont certainement les personnes les plus souriantes au moins d’Asie. Ils ont le don de créer des endroits harmonieux, beaux, et on se sent toujours apaisés, bienvenus. Et je crois qu’ils pensent aussi que c’est ainsi que les gens ont envie de faire du tourisme. Ce n’est pas malveillant, bien au contraire. Et puis après tout ça fait aussi partie du jeu. Le tourisme est devenu un phénomène de consommation de masse et nous en voyons certainement un peu les limites sur cette toute petite île.


Munduk en tout cas reste très préservée et nous avons eu la chance de dormir dans une petite guesthouse, appartenant à une famille d’ici. Tao a bien sûr noué des liens avec la petite fille de la maison qui le cherchait ensuite partout pour jouer au vélo (jusqu’à ce qu’il tente de lui envoyer le ballon en pleine face et que ça finisse en eau de boudin).

A dos de scooter nous sommes allés voir le Temple Ulun Danu, posé sur le lac Beratan. Une splendeur, surtout pour le cadre dans lequel il est installé, au milieu des montagnes. La route qui y mène croise trois superbes lacs, avec un point de vue en hauteur et de petites cahutes qui bordent la route pour manger. Sur le scooter, après 200 virages qui montent, on a commencé à grelotter sérieusement. 


Bali nous fais un peu faire les montagnes russes entre l’authenticité et la folie touristique. On reste tout de même charmés et je croise les doigts pour que les balinais préservent ce qu’ils ont de plus beau, notamment leur gentillesse et leur artisanat car cela faisait longtemps que je n’avais pas vu autant de merveilles. Les balinais taillent la pierre, le bois, font de la vannerie, travaillent le bambou. Il n’y a pas un seul restaurant avec des chaises en plastique. Tout le mobilier est en bois, fait sur mesure et pour ce qui est des souvenirs, on est encore loin des chinoiseries faites en série qu’on retrouve partout en Asie du Sud Est.

#bali #slowtravel #munduk #beratanlake #temple #ulundanu #spices #walks #moutains