AUSTRALIE #8 - LA TRAVERSEE DU DESERT
De Adélaïde à Townsville

Quand j’ai préparé l’itinéraire en Australie, Tof m’a regardé et m’a dit « nan mais tu crois vraiment qu’on va avoir le temps de faire le désert en 3 mois ? ». J’ai douté, retourné la question et finalement c’est lui qui m’a dit « Vas y on y va » et moi qui était en mode « Heu…pfiouuuu… ça fait pas mal de bornes non ? »


4000 bornes très exactement. Pendant lesquelles l’essence est 2 fois plus chère bien entendu. Préparez vous à vous délester d’un rein. 

Malgré tout l’expérience est à vivre absolument. C’est une merveilleuse occasion de finir un ouvrage de crochet, mais aussi de s’engueuler, de se menacer de s’abandonner sur le bord de la route, ou encore de méditer longuement sur la vie (« pourquoi mon orteil central gauche est si tordu ? »)


Le désert ça te secoue ! Parce que sur 4000 bornes t’as le temps de compter le nombre de virages (sur les doigts d’une main). C’est simple y’a 2 intersections ! Et à angle droit of course !


Nous avons fait un premier arrêt à Chinaman’s Creek, juste avant Port Augusta. Dans un camping gratuit atteint après 15 bornes de gravel road nous avons rencontré Doug, le monsieur qui vit ici et offre son terrain aux campeurs. 

Passés les a priori du genre « Il est forcément pas net pour venir s’enterrer ici au milieu de rien… », nous avons découvert que Doug est en fait un bonhomme incroyable qui a fait 4 fois le tour du monde avant de revenir en Australie pour fait de la recherche sur la faune mais surtout travailler à la sauvegarde des kangourous, sa passion, avec l’aide de femmes prisonnières. Chacune avait un bébé kangourou orphelin qu’elle trimballait dans un sac à dos et dont elle devait s’occuper. Un programme qui a marché du tonnerre visiblement. Rencontre hors norme et premier personnage du désert. Doug a aussi formé des milliers de gens à comment sauver un bébé kangourou dans la poche de sa mère morte (par accident de voiture en général).

Oui il faut être un peu dérangé du cabosson pour vivre dans le désert. 

Mais Port Augusta ce n’est pas encore le désert non, non, non. 864 bornes plus tard tu te retrouve à Coober Pedy en plein western.  Mais jusqu’à Coober Pedy il n’y a rien. C’est d’une monotonie absolument déprimante. Il y a quand même le Lac Hart, un lac de sel impressionnant au milieu du rien.

Il y a de moins en moins de végétation, elle est très basse, très sèche. Le bush.
La seule occupation : compter les cadavres de kangourous. Une horreur. Moi qui pleure dès que je vois un chat mort en bord de route en France, autant vous dire que là j’avais le cœur au bord des lèvres en permanence. 

A chaque fois qu’on s’arrête pour faire l’essence ou acheter de l’eau, on réalise que les gens sont vraiment hyper sympas ici. Pas de surfeur blond bodybuildé, plutôt des personnages à la peau tannée, aux joues poussiéreuses, et au sourire de celui qui connait la life. Celui à qui on ne la fait pas en somme. 

Sur la route d’Uluru, entre deux pompes à essence, Tof papote avec un gars. Le mec s’est marié il y a deux jours et… devinez quoi… il est en voyage de noces dans le désert ! NORMAAAAL !!! Hé les meufs, les Maldives et Maurice pardon mais c’est surfait. 

Le désert c’est aussi les mouches. Je n’en parlerais pas si ce n’était pas un sujet qui peut te pourrir la vie. Elles sont tellement nombreuses que j’ai cru que j’allais vriller. Même Buddha se serait transformé en Sangoku. J’ai du en manger au moins 12. 

Je n’ai pas cédé au chapeau moustiquaire (à découvrir ici) parce que je voulais garder la face devant les mecs de l’outback, mais j’ai plus d’une fois hésité à m’acheter un de ces magnifiques couvre chef…

Il y a quand même de la faune dans le désert. Nous n’avons pas vu de dingos mais des kangourous bien sûr et quelques émeus. Mon dieu que cet animal est laid. L’affreux Jojo boudiou. 

Entre Uluru et Alice Springs il y a un circuit touristique, le Red Center Way. Ce que l’on ne te dit pas c’est que un tiers de ce circuit est impraticable autrement qu’en 4x4. Il faut même un permis spécial pour certaines portions de route. 
L’énorme itinéraire que j’avais prévu s’est donc retrouvé totalement remit en question et réduit à peau de chagrin. Alors au lieu d’aller à King’s Canyon, nous avons filé à Alice Springs, la ville mythique. Le retour de l’eau et des prix plus raisonnables. C’est une ville presque normale. 

La ville ou nous croisons les premiers aborigènes. Je ne m’étendrais pas sur ce sujet car je n’y connais rien. Mais je vous invite à lire des choses sur cette culture qui a été, il faut le dire, presque totalement exterminée. Les aborigènes, c’est environ 50 000 ans d’histoire et de culture qui ont aujourd’hui presque disparus. 

Nous partons visiter les West Range MacDonell, seul parc accessible avec notre van. Et bien on a réussi à avoir de la pluie ! Nan mais qu’est ce que c’est que cette histoire ! On m’a vendu du désert moi ! La pluie c’est niet ! Après discussion avec ma voisine de camping (une permanente), première pluie de l’année ! CAN YOU BELIEVE IT ??? La région a été dévastée par les feux cet été alors une petite pluie ne fait pas de mal. Malgré tout la balade dans les gorges des Macdonell est magnifique. 

En revenant, nous avons fait un détour par … le Saloon ! 

Et puis a sonné l’heure de prendre la route du retour vers la côte. Il nous reste 2096 km exactement pour arriver à Townsville. Parcourus en 3 jours. Car il n’y a vraiment rien. Le paysage change beaucoup plus. On sent qu'on se rapproche de l'eau. La route est droite et n’en finit plus. Et puis il y a les Road Train, ces camions qui peuvent faire 53m de long, 100 tonnes de cargaison et du 130 sur la route. 


Le désert Australien, c’est magique. Ca fait partie de ces expériences en voyage dont tu ne sors pas indemne. Je crois aussi que tu ne peux pas dire "j’ai fais l’Australie" sans passer par le désert. 80% des australiens n’y ont jamais mis un pied. 

Le désert c’est la terre des aborigènes. C’est la terre sacrée. De toute ma vie je n’ai jamais vue des couchers de soleil aussi hallucinants. Aucune photo ne peut traduire ce que l’on voit dans le désert. Et je ne parle pas des ciels étoilés et des repas au coin du feu. Du silence. Des champs de termitières.

L’outback est exactement ce qu’il laisse imaginer. « A lot of nothing » comme m’a dit une mamie australienne rencontrée sur la route. 

Le désert c’est un autre pays. C'est un autre monde. Il faudrait y passer du temps pour en comprendre les codes, les gens et en voir les moindres recoins.  

Le désert c’est des pistes qui partent dans le bush avec un panneau « ville machin truc : 82 km ». Il y a des gens qui vivent dans un tel isolement que s’en est inimaginable. J’ai envie de prendre ces routes et de voir ce qu’il y a au bout !

Le désert c’est des villes « UFO WELCOME » avec pistes d’atterrissage pour soucoupe volante et vendeur de gasoil super creepy. 

Nous n'en avons eu qu'un avant goût rapide et je crois qu'il mérite un vrai voyage, où l'on prend le temps de s'enfoncer dans les terres. De rouler sans trop savoir vers où. 

Ma décision est prise, je me replonge dans Message des hommes vrais au monde mutant. 

Bisous

 

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>PRATIQUE CORNER<

Je m'autorise une petite partie pratique ici car il y a beaucoup de choses qu'on ne trouve pas facilement sur internet et je pense que si des gens passent par ici pour choper des infos, ils seront contents de savoir que : 

- La route principale est goudronnée pour aller jusqu'à Uluru puis pour remonter vers le King's Canyon. Mais entre le King's Canyon et les West MacDonell Range, il y a une portion de route qu'il est impossible de prendre sans 4x4 et sans permis spécial. Cela implique donc de redescendre puis de remonter à Alice Springs pour ensuite faire les West McDonell Range en arrivant de l'autre côté, il faut compter au moins 500 bornes en plus.

- Au delà de la boucle citée plus haut, et de la route principale Uluru>AliceSprings, il n'y a pas de route goudronnée du tout. Cela veut dire que tous les super spots à voir (les cratères de météorite, les gorges de la Finke etc...) sont inaccessibles sans 4x4. Il est possible de faire des day-trip pour voir ces endroits mais il faut y accorder du budget.

- Il y a de l'essence à peu près tous les 250km et les prix oscillent entre 1,7 et 2 dollars. Télechargez l'application Fuel Map pour repérer les stations essence dans toute l'Australie

- L'eau est rare et souvent payante. Mais honnêtement nous n'avons pas galéré à en trouver pour boire ou remplir le van. Il faut être un chouilla plus économe. 

- Les rest area gratuites sont littérallement sur la route. C'est à dire que la nuit, on entend vraiment passer les énormes Road Train et autres véhicules. C'est donc bien d'en faire un peu mais envisagez quelques nuits en camping normal pour avoir un petit confort. Les campings étant assez isolés, ils sont donc assez chers, ce qui se comprend. Tous ou presque ont une piscine et de quoi faire du feu la nuit. 

- Le désert est la terre des aborigènes. Hormis à Alice Springs ou l'ambiance est abominable, les aborigènes retrouvent petit à petit les traces de leur histoire. Valorisez cela dans votre voyage en respectant leurs souhaits : ne pas grimper sur Uluru, ne pas prendre de photos du paysage lorsque cela est demandé, etc... Les aborigènes sont dans une situation terrible de racisme, d'alcoolisme, d'errance, et l'Australie ne fait pas d'efforts surhumains pour changer la donne. En tant que touristes, participons à ce changement. 

 

Pour suivre notre itinéraire pendant notre tour du monde, rendez vous sur cette carte commentée

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